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Full text of "Salle de spectacle de Bordeaux"

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•  3 


SALLE 


DE  SPECTACLE 


DE  BORDEAUX, 


Par  M.  LO  U  I  S. 


AUX  DÉPENS  DE  L’AUTEUR. 

Et  fe  trouve-  A  PARIS, 

Chez  ESPRIT,  Libraire,  au  Palais-Royal. 

M.  D  C  C.  L  X  X  X  1 1. 

AVEC  APPROBATION  ET  PRIVILEGE  DU  ROI. 


QSi 

C-/ 

fitourpa/er  cet  ouvra// e.  du nam  du  premier  vaaiyiteur  deJZ/7 Ca/iort,  votre  confiance*  et  vos 
tontes  pe/severantes  senitteroie/it  s-eu/es'  m’auttiorirer;  mais  J'y  su/s  porte  par  un  sentiment  de 
justice  encore  p/us  imperieuic  .  \^ous  avis  senti  tu  nécessite  de  donne/'  u/ie  Sotte  de  speetacte  à 
ta  itte  de  -Qsdordeaua',,  et  voie*  m'avez^  nomme  pour  et/e  /'instrument  de  votre  pro/et.  /non 
tiomnuu/e  est  donc  une  dette  :  it  fiiito/t  ni  'en  acquitter  envers  vous,  ^s£p)(u>llJettytieitr,  et  devant 
ta  postérité,  tieurenæ,  si  vous  voûtez,  tien  t'ayree/'  aussi  comme  un  tenwiynape  de  ma  eeconnoissa/ice 

Je  suit  avec  un  prpjoiut  -respect — -  > 


otl/o 


oo/zjatjnmr , 


otre ■  très  tuant  te  et 
très  otet/Semt  Serviteur 

fi-  OUtr) .  ' 


ejneur 

Que  de  QdQxcbelieu  , 

tur  et  premier  set iCarec/mt  de  Qd/'a/ice-,  (fihevalier 


fi 


des  ordres  du  ofix  oe,  Conniàih/e premier  C 'pnti/honvne 
de  /a  (f/iamhre  de  saut lùcy  estel  son  ~L/ ei itérant- y eherat. 


Cdouoernair  de  ïu  haute  et  tusse  C/  a  tenue  _ 
Qrt  c  t 


DISCOURS 

PRÉLIMINAIRE. 


l’on  ne  doit  pas  toujours  fe  flatter  d’obtenir  une  grande  gloire  par  la  Gravure 
k  par  les  Livres,  au  moins  eft-il  des  cas  où  ils  fourniflent  des  armes  contre  la 
ùtyre  la  calomnie.  Le  Monument  que  j’ai  élevé  efl  éloigné  de  la  Capitale, 
es  bafes  fur  lefquelles  je  me  fuis  appuyé,  les  obftacles  qui  fe  font  préfentés,  les 
procédés  que  j’ai  employés,  tout  efl:  ignoré  du  Public,  &  j’ai  voulu  que  le  Public  connut  tout. 
Si  j  etois  alfez  heureux  pour  que  la  Salle  de  Spedtacle  de  Bordeaux  préfentât  aux  jeunes 
Architectes  des  idées  hardies  ,  un  plan  &  des  détails  neufs  ,  quelque  fcience  dans  l’exécution , 
je  voudrois  aufïï  qu’ils  y  appriffent  à  foutenir  avec  courage  ce  qu’ils  auroient  conçu  avec 
des  vues  raifonnables.  Ç’eft  peut-être  ce  que  j’offre  ici  par  l’hiftorjque  de  la  conftruCiion  de 
ma  Salle.- 

Il  en  falloit  une  à  Bordeaux ,  &  d'après  les  ordres  que  j’en  reçus  dé  M.  le  Maréchal  de  Ri¬ 
chelieu,  Gouverneur  de  la  Guyenne  .,  je  formai  des  projets  qu’il  figna  avec  le  Corps  de  Ville  au 
mois  de  Mai  177  3. 

Ce  Plan  étoit  vafte;  mais  le  Chef  de  la  Province  aggrandît  encore  mes  idées,  par  l’encoura¬ 
gement  dont  il  a  toujours  enflammé  les  talens.  Pour  les  efprits  à  petites  vues,  qui  ne  favent 
que  les  amortir  ,  ou  qui  n’admettent  rien  de  grand  que  dans  Paris,  le  Monument  que  je  pro- 
pofois  d’élever  dans  Bordeaux  auroit  paru  une  idée  folle.  Qu’ils  fâchent  que  l’Italie  n’auroit  qu’une 
route,  fi  tous  les  Chefs-d’œuvres  dont  elle  efl:  enrichie  étoient  entafîés  dans  Rome  feule:  mais 
habitée  jadis  par  des  hommes  pour  qui  trois  parties  de  ce  Globe  n’étoient  qu’un  point,  ils  les 
ont  répandus  dans  tous  les  lieux  qu’ils  vouloient  habiter.  Auffr  le  Voyageur  curieux,  l’Artifte 
ardent  à  s’inflruirç  vont-ils  fertilifer  aujourd’hui  tous  les  coins  du  domaine  des  anciens  maîtres  du 
monde,  que  le  défaut  de  commerce  &  dépopulation  réduirait  à  la  mifere  &  à  la  Aérilité.  Pour¬ 
quoi  ?  c’eft  que  de  Bayes,  de  Catanne  à  Ravennes  j  d’Ancone  à  Fréjus  &  à  Orange,  les  Statues, 
les  Ponts,  les  Temples,  les  Aqueducs,  les  Amphithéâtres  &  les  Arcs  de  Triomphe  ont  été  fémés 
gvec  profùflon. 

Les  perfonnes  qui  diraient  que  la  Salle  dont  je  public  les  deflins  étoit  d’une  trop  grande 
dépenfe  pour  Bordeaux,  doivent  apprendre  que  la  plus  heureufe  fituation,  la  fertilité  de  fonfol, 

A 


2  DISCOURS  préliminaire. 

l'ardeur  Sc  l'intelligence  de  fes  Habitans  y  animent  un  Commerce  de  plus  de  cent-cinquante 
millions  par  an.  Mais  ce  n'eft  pas  affez  de  ce  point  de  vue  ,  bien  fait  cependant  pour  autonfer 
l’étendue  de  mon  projet ,  je  vais  leur  montrer  encore  que  le  Gouvernement  qui  embraffe  les 
intérêts  divers  du  Royaume,  m'a  accordé  les  moyens  de  foulager  la  Ville  de  Bordeaux  dans  les 
dépenfes  d'un  Monument  qu'il  a  cru  digne  de  fa  grandeur. 

Il  eft  au  milieu  du  Port  de  cette  Ville  &  dans  la  plus  heureufe  fituation ,  une  Forterefle  bâtie 
dans  le  dernier  fiècle,  laquelle  eft  environnée  devaftes  glacis,  tin  Château  fort  au  centre  dune 
Ville  ne  peut  guère  la  défendre  contre  les  ennemis  de  l'Etat;  &  la  fidélité  de  fes  Habitans 
ralïureroit  même  la  tyrannie,  s'ils  avoient  à  la  craindre.  C'eft  donc  fur  la  portion  de  ces  Glacis  la 
plus  voifine  de  la  Bourfe  ,  que  M.  le  Maréchal  de  Richelieu  me  propofa  d’élever  une  Salle  de 
Spedlacle  :  lieu  où  les  affaires ,  autant  que  les  plaifirs ,  réunifient  chaque  foir  les  Citoyens  &  les 
Etrangers  qui  habitent  une  des  premières  Places  de  l'Europe.  Le  Roi  en  accordant  quatre 
mille  huit  cent  trente  toifes,  fur  le  terrein  dépendant  du  Château  Trompette  (  i  ) ,  permit  à  la 
Ville  de  vendre  tout  ce  qui  ne  feroit  pas  néceffairè  au  Plan  qu’EUe  avoit  adopté ,  &  voulut  que 
le  produit  en  fut  employé  à  la  confins  clion  de  cet  Edifice. 

Ces  avantages  parurent  fi  grands ,  qu’un  Négociant  du  premier  ordre  me  propofa  de  fournir 
des  fonds  pour  l'exécution  de  mes  Plans ,  fi  je  pouvois  lui  obtenir  la  pofieffion  du  Monument 
pour  trente  ans ,  après  lefquels  la  Ville  en  deviendroit  abfolue  Propriétaire.  On  auroit  fans 
doute  refufé  cette  offre  ;  mais  elle  prouve  au  moins  que  j’avois  proportionné  mes  projets  à  la 
poflîbilité  des  moyens.  Indépendamment  de  ceux  qui  étoient  dûs  à  la  munificence  Royale,  je 
démontrai  la  certitude  du  produit  que  devoit  procurer  la  location  des  lieux  dépendants  de  ma 
Salle.  En  conféquence  la  Ville  fut  autorifée  à  prendre  des  fonds  fur  un  Emprunt  formé  pour 
un  autre  objet ,  à  l'effet  de  fournir  aux  premières  dépenfes  de  la  conftruction.  Avant  que  de  la 
commencer ,  je  demandai  que  l'Architeéte  de  la  Ville ,  plus  au  fait  des  prix  courans  des  ouvra¬ 
ges,  arrêtât  lui-même  toutes  conventions  avec  les  Entrepreneurs.  Ainfi  aflùré  de  tout  côté ,  je 
commence  à  tracer  mon  Plan;  6e  fourd  aux  clameurs  de  quelques  domiciliés  qui  regrettoient 
les  arbres  qu'il  fallut  faire  abattre  pour  un  Monument  qui  devoit  cependant  faire  valoir  les 
pofiefiions  qui  en  étoient  voifines,  je  fais  fouiller  les  terres. 

La  fondation  d'un  Edifice  eft  un  travail  trompeur,  parce  qu’on  ne  peut  pas  juger  d’avance  la 
nature  des  fonds,  ni  tout  ce  qui  recouvre  les  furfaces  ;  celles-ci  cachoient  (a)  les  fondemensdun 
Monument  antique  à  détruire;  un  Chenal;  ;),  aufii  très-ancien  qui  recevoit  les  eaux  de  la  rivière, 

(i)  Lettres  Patentes  du  rj.  Septembre  1773. 

(a)  Les  Piliers  Tuteles. 

(3)  Chenal,  eft  un  courant  d’eau  bordé  de  terre,  par  lequel  IesVaiflcaux  peuvent  paflèr. Le  Chenal  répond  h  ce  qu’on 
appelle  communément  une  Garre. 


préfenta 


3 


DISCOURS  PRÉLIMINAIRE. 

préfenta  des  obftacles  auxquels  il  fallut  remédier  par  des  épuifemens  pénibles,  des  pilotis  nom¬ 
breux,  des  grillages,  &  en  le  comblant  d’un  amas  de  pierres  confidérables.  Enfin  la  néceflité  de 
regagner  par  des  conflruétions,  une  pente  que  l’inftabilité  du  fol  avoit  encore  augmenté:  tous 
ces  objets  produifirent  des  dépenfes  inattendues,  mais  qui  n’étoient  pas  faites  pour  arrêter.  Aufli 
bientôt  tout  ell  détruit ,  les  fondations  &  les  fouterreins  immenfes  de  la  Salle  de  Speétacle  fe  conf- 

truifent  avec  autant  de  folidité  que  de  promptitude,  &  l’ouvrage  eft  prêt  à  fortir  de  terre . 

Mais  ici,  LOUIS  XV  meurt,  &  tout  va  s’arrêter. 

Le  Corps  de  Ville  de  Bordeaux  fentoit  vivement  la  néceflité  d’une  Salle,  &  toujours  attaché 
à  l’exécution  de  mes  Plans,  il  prit,  le  27  Juillet  1774,  une  Délibération  dans  des  termes  trop 
honorables  pour  que  je  puifle  la  rapporter  ici.  Jufqueslà  enivré  du  bonheur  d’éelverun  grand 
Monument,  je  ne  m’étois  nullement  occupé  de  mes  intérêts  ;  on  n’avoit  pas  encore  ftatué  fur  mes 
honoraires  :  cet  aéte  les  fixe ,  &  annoncé#  a  plus  grande  confiance  en  mon  travail  &  en  mes  moyens. 
Rien  n ’étoit  plus  encourageant  pour  l’exécution  de  mes  projets.  Mais  un  nouveau  Miniftère  veut 
être  inftruit  des  travaux  de  la  Salle,  de  l’emploi  des  fonds  des  terreins  vendus,  de  ceux  quiref- 
toient  à  vendre,  enfin  des  reüources  fur  lefquelles  on  pouvoit  compter  pour  achever  l'ouvrage. 
Je  ferme  tous  les  atteliers,  &  viens  en  Novembre  1774  >  avec  nies  états  de  dépenfes,  auprès  de 
M.  Turgot. 

Une  des  premières  opérations  de  ce  Miniftre,  fut  de  foumettre  aux  ordres  de  M.Efmangart, 
Intendant  de  la  Province  de  Guyenne,  les  travaux  de  la  Salle  de  Speétacle,  8c  la  délivrance  des 
fonds  qui  dévoient  y  être  employés.  En  remettant  ainfi  tout  le  pouvoir  aux  mains  d’un  Adminiftra- 
tcur  éclairé  dans  les  Arts,  &  accoutumé  à  traiter  avec  ceux  qui  les  exercent ,  peut-être  M.  Turgot 
avoit- il  en  vue  de  prévenir  les  inconvéniens  delà  diverfité  des  opinions  dans  la  conduite  d’un 
ouvrage  où  un  feul  efprit  doit  opérer.  Mais  quelque  fut  le  motif  qui  le  détermina  dans  l’Arrêt 
du  Confeil,du  11  Décembre  1774,  il  excita  des  ennemis  puifïans  contre  l’Edifice  commencé.  Lorf- 
que  par  une  infpeétion  direéte  on  peut  partager  la  gloire  d’un  Monument,  tous  les  autres  intérêts 
peuvent  être  oubliés  3  mais  fi  l’on  n’entre  plus  pour  rien  dans  fa  conftruétion ,  il  eft  allez  ordi¬ 
naire  alors  d’en  devenir  les  Cenfeurs,  ou  au  moins  des  Spectateurs  très-indifférents.  Auflidèsque 
le  Corps  Municipal ,  qui  fix  mois  avant  louoit  à  l’excès  8c  mon  ouvrage  8c  ma  perfonne  ,  fe  vit 
privé  de  l’adminiflxation  de  la  Salle ,  il  m’abandonna  à  tous  les  effets  d’une  haine  qui  lui  paroiffoic 
encore  au-deffous  de  fon  mécontentement. 

Plufieurs  Habitans  recommandables ,  qui  jufques-là  n ’avoient  pas  ofé  exhaler  le  dépit  que  leur 
intérêt  particulier  devoit  naturellement  exciter  en  eux ,  fe  joignirent  hautement  à  ceux  qui  fe 
croyoient  offenfés.  Voici  le  motif  de  ceux-là  :  l’ancienne  Salle  de  Speétacle  de  Bordeaux  étoit 
conftruite  fur  les  Foliés  de  l’Hôtel  de  Ville,  8c  elle  étoit  environnée  de  beaucoup  de  Maifons 
Bourgeoifes,  qui  diminuoient  de  valeur  par  l’éloignement  de  ma  Salle.  Rien  netoit  donc  mieux 

B 


4 


DISCOURS  PRÉLIMINAIRE . 

au  regard  de  ces  intérêts  que  de  cefferles  travaux  commencés.  «Le  nouveau  Plan,  fuivant  eux, 

»  droit  ridicule,  lelévation  ruineufe,  &  la  Ville  gagnoit  infiniment  en  faifant  une  Salle mefquine 
„  fur  l’ancien  emplacement  voifin  de  leurs  maifons  ».  Enfin ,  cenfures  ridicules ,  calomnies  capa¬ 
bles  d’infpirer  une  injufle  méfiance  à  un  vertueux  Minillre,  démarches  des  Puiffances,  tout -fut 
employé  pour  faire  avorter  le  projet  le  plus  utile  8c  le  moins  onéreux.  Ceflà  cette  époque 
que  j’eus  à  lutter  contre  des  Citoyens  de  qui  je  devois  attendre  1  encouragement  8c  le  fouden } 
&  cette  perfécution  fut  un  hydre  qui  fe  reproduifit  jufqu  à  la  fin  de  1  Edifice. 

Si  je  m’abandonnai  à  quelque  vanité  dans  l’exécution  de  la  Salle  de  Bordeaux ,  ce  fut  furtout 
dans  cette  occafion,  où  je  ne  fentis  nulle  atteinte  du  dégoût  dont  les  ennemis  démon  ouvrage 
cherchoient  à  me  frapper.  L’étude  pailible  d’un  Art,  aufli  agréable  qu’utile,  ninfpire  pas  tou¬ 
jours  les  moyens  de  prévenir  tout  le  mal  dont  la  haine  efl  capable,  ni  la  force  de  lui  réfifter.  Je 
me  fuis  trouvé  ce  courage:  voilà  ce  qui  me  flatte,  8c  quelquefois  me  furprend. 

Le  premier  crime  qu’on  m’imputa,  fût  d’avoir  annoncé  unedépenfe  modérée,  &  d’en  avoir 
déjà  fait  une  affez  confidérable.  Ce  tort  n’en  étoit  pas  un,  puifqu’il  provenoit  de  difficultés  qu  il  eft 
impofliblede  juger  d’avance  j  mais  préfenté  comme  on  faifoit,  il  pouvoir  donner  de  dangéreufes 
préventions  à  un  Miniftre  intègre.  Cet  homme  éclairé  aimoit  les  Artifles ,  il  leur  étoit  très-ac- 
ceflïble  5  il  fe  plaifoit  à  les  entendre ,  8c  bientôt  il  devint  mon  apologifle.  On  va  voir  maintenant 
fi  j’ai  pu  l’abufer. 

Les  fondations  &  fouterreins  de  la  Salle  montoient  à  un  prix  très-haut.  Cet  ouvrage  avoitété 
fait  par  entreprife,  les  marchés  en  avoient  été  arrêtés  par  l’homme  de  la  Ville,  comme  je  l’ai 
dit  plus  haut ,  il  avoit  contrôlé  les  toifés  &  en  avoit  fait  la  vérification.  Or  cet  Architedle  n’a 
jamais  pu  être  foupçonné  de  ménagemens  à  mon  egard.  Donc  fi  les  depenfes  premières  de  la  Salle 
de  Spectacle  ont  été  confidérables ,  elles  n’ont  pu  être  abufives. Cette  vérité  bien  démontrée,  le 
Miniftre  n’avoit  plus  à  m’oppofer  que  la  dépenfe  du  relie  de  mon  projet.  Elle  lui  paroilloit  énorme 
au  taux  où  il  avoit  été  commencé.  Son  ame  éprouvoit  un  combat  entre  l’économe  de  l’État 
&  l’homme  ami  des  grandes  chofes.  Afin  que  la  néceffité  préfente  de  l'économie  ne  lui  fit  pas 
facrifier  le  bien  public  dans  un  point  de  vue  plus  éloigné,  je  lui  propofai  des  réduôlions  d’ou¬ 
vrages,  8c  lui  montrai  un  état  dans  lequel  la  Salle  de  Bordeaux  privée  d’accelïoires ,  utiles  à  la 
vérité ,  mais  non  pas  indifpenfables ,  s’exécuteroit  pour  la  fomme  d’un  million  cinq  cent  mille  livres. 
Pour  l’opérer,  j’ouvris  la  voie  de  conftruire  par  économie.  Je  fentis  toute  la  force  de  ma  propo. 
fition  :  mais  ni  les  fatigues  des  atteliers ,  ni  les  courfes  dans  la  Province  où  je  travaillois ,  ni  les 
dépenfes  particulières,  rien  ne  m’effrayoit ,  pourvu  que  l’achèvement  de  l’Edifice  eut  lieu.  A  cet 
effet  je  m’engageai  à  procurer  des  bois  des  Pyrénées  achetés  de  la  première  main  ,  à  me  tranf- 
porter  dans  les  carrières,  à  y  enfeigner  aux  ouvriers  l’art  inconnu  pour  eux  de  tirer  des  pierres 
de  douze  ,  quinze  ou  dix-huit  pieds  de  longueur  dont  j’avois  befoin,  à  imaginer  des  machines 
économiques  &  fùres  pour  leurs  chargemens&  déchargemens,  à  porter  le  même  foin  pour  les 

briques, 


T 


DISCOURS  PRÉLIMINAIRE. 

briques,  la  chaux,  le  plâtre,  &  tous  les  matériaux  nécefTaires  à  un  Edifice  de  la  nature  de  celui- 
ci.  Le  nouveau  genre  de  travail  que  je  m’impofois  ne  paroilToit  pas  de  peu  d’importance  à  un 
Miniflre  qui  fçavoit  que  les  conftruétionsde  la  Capitale ,  où  tous  les  matériaux  fe  puifent  à  volonté, 
n’entraînent  pas  ces  difficultés. 

A  la  fuite  de  ce  Plan  de  conduite ,  j’établis  la  plus  grande  clairvoyance  dans  mes  opérations , 
8c  je  n’acceptai  fon  confentement ,  qu’à  la  condition  qu’il  feroit  fait  tous  les  mois  trois  états  de 
dépenfes,  tant  des  achats  des  matériaux  que  des  journées  d’ouvriers,  defquels,  un  feroit  envoyé 
au  Contrôle  général  des  Finances,  un  à  M.  l’Intendant  de  la  Province,  8c  le  troifiéme  au  Bu¬ 
reau  de  1  Hôtel  de  V ille  de  Bordeaux  :  l’original ,  ainfï  que  les  pièces  juftificatives ,  devant  relier 
dans  le  mien.  Cesétats,  avant  quedetre  envoyés,  dévoient  être  exactement  vérifiés,  contrôlés& 
lignés  par  1  Architeéle  propre  du  Corps  de  Ville.  Tels  furent  mes  conventions  avec  M.  Turgot , 
8c  je  ne  fçais  lequel  lui  plut  davantage,  ou  de  ma  loyauté ,  ou  de  ma  ténacité  à  fuivre  mon  entre¬ 
prit»  mais  il  ne  fe  contenta  pas  de  me  donner  en  particulier  des  témoignages  de  fatisfaélion  8c 
de  confiance;  il  exifte  des  perfonnes  dans  les  premiers  rangs  de  la  Nobleffie  &  du  Miniflère qui 
peuvent  atteller  s’il  m’honoroit  de  fon  ellime,  &  s’il  fe  plaifoit  à  le  dire. 

L’Hyver  s’étant  paiïé  en  négociations,  je  revins  à  Bordeaux,  au  mois  de  Mars  1777 ,  &tousIes 
atteliers  de  la  Comédie  fe  rouvrirent.  Les  démarches  de  l’envie  ne  fe  rallentifîoient  pas;  elles  ne 
ma  voient  pas  rebuté;  8c  il  lui  etoitimpoffibled  attaquer  ma  conduite.  Elles  s’en  vengeoient  en  at¬ 
taquant  l’ouvrage  à  mefure  qu’il  s'élevoit.  J’y  étois  infenfible,  quoiqu’elles  trouvailent  peu  de 
contradideurs  dans  la  Province,  où  l’on  nepeut  guères  compter  que  fur  un  petit  nombre  d’amis: 
les  défenfeurs  du  bon  goûtfemblentfe  réunir  dans  la  Capitale.  Là  le  vrai  fçavoirramene  tôt  ou  tard 
au  fain  jugement,  8c  détruit  les  fauffes  préventions,  8c  il  faut  convenir  que  ces  foutiens  des 
Artiftes  8c  leurs  approbations  précieufes ,  font  un  puiffiant  remède  contre  l’ennui  des  méchantes 
fatyres.  Mais  on  nuifit  à  1  élévation  de  ma  Salle  par  un  moyen  bien  plus  férieux.  Un  Arrêt  du 
Confeil  du  7  Mars  177^,  ordonne  la  vente  du  relie  des  terreins  excédens  celui  qui  étoit  nécef- 
faire  à  la  conltruélion  de  la  Comédie.  La  Ville  elt  chargée  de  cette  vente  ;  elle  fe  fait ,  &  ne 
produit  environ  que  huit  cent  trente  mille  livres.  Quand  on  conlïdère  que  j’avois  obfervéde  ré- 
ferver,  pour  être  vendus  (  1  ),  les  emplacemens  les  plus  commodes  pour  le  commerce,  qu’ils  font 
au  centre  du  Port,  &  attenans  la  Comédie,  la  Bourfe  8c  la  Place  publique,  on  convient  qu’ils 
n’ont  pas  produit  les  avantages  qui  en  auroient  dû  réfulter.  Onnauroitpasétéfurpriss’ilsétoient 
montés  à  un  tiers  de  plus.  Les  fonds  pris  fur  l’emprunt  de  Gênes  épuifés,  le  prix  des  terreins 
vendus  fe  payant  feulement,  on  fent  qu’il  eut  fallu  des  reffources  plus  étendues  pour  fuivremon 
zele  8c  hâter  1  édifice.  Cependant  les  fyftêmesde  bienfaifance  publique  de  M.  Turgot,  ne  les 

(1)  Voyez  Planche  première. 


C 


6  DISCOURS  PRÉLIMINAIRE . 

favorifoient  pas.  En  privant  le  Corps  Municipal  de  fon  revenu  ordinaire  fur  les  oêtrois,  non- feu¬ 
lement  les  fonds  deftinés  à  la  conftruôlion  de  la  Comédie  s’épuifoient  fans  efpoir  de  les  voir  rem¬ 
placer,  mais  encore  la  Ville  s'endettait  chaque  jour ,  n’ayant  plus  de  quoi  fubvemr  meme  a  Tes 
dépenfes  journalières  8c  de  première  néceffité.  Ainfi  le  bien  même  a  des  bornes;  porté  à  l’excès,  il 
ce  (Te  de  l’être  &  devient  funefte.  Ainfi  M.  Turgot  détruit  d’un  côté  ce  qu’il  veut  voir  élevé  de 
l’autre ,  fes  vues  fe  choquent,  &  ce  même  Miniftre  qui  avoit  rétabli  le  calme  dans  mon  âme ,  & 
foutenu  mon  courage,  alloit  m’enlever  même  jufqua  l’efpérance. 

Qu’on  fe  figure  un  Architeéle  étranger  à  la  Ville  dans  laquelle  il  bâtit;  environné  de  jaloux  &  de 
contradiéleurs  ;  devenu  le  feul  foutien  defes  projets  8c  auquel  les  fonds  manquent  de  toutes  parts.- 
obligé  cependant  de  répondre  aux  demandes  des  Fourniffeurs  de  toute  efpèce  dont  il  a  obtenu 
d’abondans  matériaux  fur  les  efpérances  d’un  exaét  payement,  8c  d’entendre  les  Plaintes  de  tous 
les  Employés  qu’il  a  attiré  par  les  avantages  probables  d’un  travail  fuivi  :  telle  étoit  ma  fituation* 
Pour  échapper  à  des  pourfuites  affligeantes  8c  fi  bien  fondées ,  falloit-il  fuir  ?  hélas  !  ce  parti 
affreux  eut  confolé  mes  ennemis  de  leur  propre  difette....Non,  je  n’envifageai  pas  même  comme 
poffible  d’interrompre  les  travaux  de  la  Comédie.  Quelle  perte  en  effet,  fij’eufle  abandonné  dans 
les  Chantiers  les  Bois&  autres  Matériaux  dont  je  m’écois  pourvu  à  l'avance?  d’un  côté,  comment 
aurois-je  pu  raflembler  de  nouveau  autant  de  travailleurs ,  fi  malgré  les  promeffes  qui  les  avoient 
attirés  près  de  moi,  ilssctoient  vus  forcés  de  s’éloigner  par  défaut  de  paiement  ou  d’ouvrage.  Que 
fis  je  donc  en  cette  extrémité?  Tout  ce  que  j’avois  de  bien  8c  de  fortune  je  l’engageai;  je  formai 
des  emprunts  en  mon  propre  nom.  Ce  moyen  fut  le  feul  qui  me  relia  pour  entretenir  mes  tra¬ 
vaux,  je  l’employai  fans  héfiter.  Mais  on  fent  ce  que  peut  la  fortune  8c  le  crédit  d’un  particulier 
pour  l’élévation  d’un  Monument  public  ,  8c  l’on  jugera  allez  de  la  lenteur  avec  laquelle  il  marchoit 
vers  la  fin. 

IJn  changement  dans  le  Miniftère  prévint  l’épuifement  prochain  de  ma  dernière  reffource,  8c 
me  releva  de  cette  crife  terrible.  M.  de  Clugny  paffe  de  l’Intendance  de  Bordeaux  au  Miniftère 
des  Finances.  Sans  être  né  avec  un  goût  particulier  pour  les  Arts ,  qualité  qui  feroit  cependant 
bien  néceffaire  à  celui  qui  dirige  l’emploi  des  revenus  de  la  France ,  le  nouveau  Contrôleur-Géné¬ 
ral  aimoit  la  Salle  de  Speêlacle  de  Bordeaux;  Se  dès  fon  entrée  à  l’Intendance ,  il  l’avoit  jugé  né- 
ceflaire  à  la  Ville  8c  digne  de  la  Province.  Il  y  a  plus ,  l’amitié  qu’il  me  portoit  l’en  rendit  zélé 
protecteur.  Ce  fentiment  n’étoit  pas  l’effet  de  mes  intrigues  auprès  de  lui.  Je  lui  avois  fait  ma  cour 
comme  la  doit  faire  un  Artifte,  par  mes  travaux.  Je  me  rappelle  avec  trop  deplaifirl’occafionqui 
fit  naître  le  fentiment  vifdontilm’honoroit,  pour  n’en  pas  entretenir  uninftant  le  Public. 

Monfeigneur  8c  Madame  la  Ducheffe  de  Chartres  vinrent  à  Bordeaux.  M.  l’Intendant  brûle  du 
defir  de  leur  donner  un  témoignage  éclatant  de  la  joie  qu’ils  procuroient  à  la  Ville  parleurs 
préfences.  Le  tems  étoit  court  :  il  ne  m’accorda  que  onze  jours  pour  fervir  fon  zèle  ;  ils  me 

parurent 


7 


DISCOURS  PRÉLIMINAIRE. 

parurent  fufEfans.  J’élevai  plufieurs  §alles  au  milieu  du  Jardin  de  l’Intendance,  &  il  fut  le  théâtre 
d’une  Fête  (i),  qui  fatisfit,i’ofe  le  dire,  un  Prince  accoutumé  à  ces  Spectacles,  &  qui  fut  applau¬ 
die  de  la  Province.  Son  fuccès,  la  célérité  &  l’économie  que.  j’y  apportai,  enchantèrent  l’Admi- 
niftrateur ,  &  il  me  donna  des  témoignages  d’une  fatisfaction  que  je  croyois  bien  alors  devoir 
être  lunique  fruit  de  mon  zèle.  Je  ne  prévoyois  pas  toutes  les  fuites  de  cette  befogne  paffagère  j 
car  la  perfection  de  la  Salle  de  Bordeaux  n’en  fut  pas  la  feule  récompenfe  :  c’elt  à  cet  heureux 
événement  que  je  dois  la  valte  entreprife  dont  me  charge  aujourd’hui  Monfeigneur  le  Duc  de 
Chartres,  avec  le  titre  honorable  de  fon  premier  Architecte. 

J’ai  interrompu  ici  l’ordre  des  faits,  pour  fuivre  les  motifs  qui  avoient  intéreffés  M.  deClugny 
à  la  Salle  de  Bordeaux  .-  je  les  reprends.  Dès  l’arrivée  du  Prince  en  cette  Ville,  je  conçus  le  projet 
de  lui  demander  la  faveur  de  pofer  la  première  Pierre  de  mon  Bâtiment  )  jufques-là ,  cettecérémo- 
nie  ne  m’avoit  pas  occupé.  Il  voulut  vifiter  nos  travaux ,  j’eus  l’honneur  de  l’y  fuivre }  &  enhardi 
par  fon  fuffrage ,  j’ofai  faire  ma  proportion  .-  il  l’accepta  avec  les  plus  fatisfaifans  témoignages 
de  bontés.  Madame  la  DucheUe  de  Chartres  voulut  bien  être  de  moitié  dans  ce  bienfait(  z  )  :  8c  la 
folemnité  eut  toute  l’influence  que  devoit  répandre  cette  Protection  fignalée. 

Mais  revenons  aux  Ouvrages  de  la  Comédie,  M.  de  Clugny  étant  Contrôleur-Général  des  Fi¬ 
nances.  Ce  Monument  fut  un  des  premiers  points  dont  il  s’occupa  pour  la  Province  de  Guyenne  ; 
8c  comme  il  avoir  été  témoin  des  balottemens  8c  des  incertitudes  auxquels  fon  élévation  avoit  été 
expofée,  non-feulement  il  voulut  qu’il  fe  conilruifit,  mais  même  il  alfura  fa  perfection.  Il  y  a  plus  ] 
inftruit  des  déplaifirs  quem’avoientcauféslesreltriCtions  économiques  auxquelles  M.  Turgot  m’a¬ 
voit  forcé,  il  entra  dans  mes  vues  d’embellilTemens,  donna  à  mes  idées  leur  libre  cours,  &  m’en¬ 
gagea  encore  à  les  aggrandir. 

M.  de  Clugny  marchoit  fCirement  dans  le  Département  deBordeaux-.ilconnoiffoit  &:  fes  befoins 
8c  fes  reflources.  Il  rendit  à  la  Ville  fesoClrois,  par  un  Arrêt  du  z\  Novembre  1776 ,  obtenu  fur 
Requête,  à  la  charge  de  faire  une  réfer  ve  de  cinquante  mille  écus,  par  chaque  année,  lefquelsde- 
voient  être  employés  d’abord  à  l’achèvement  de  mon  entreprife,  &enfuite  aux  divers  Edifices  Pu¬ 
blics,  qui  tous  manquent  à  la  Ville,  tels  qu’un  Palais  pour  la  Jultice,  un  Gouvernement,  des  Fon¬ 
taines,  un  Hôtel  de  Ville ,  &c.  &c.  L’époque  de  cet  Arrêt  montre  que  M.  de  Clugny  ne  l’a  voit  pas 
encore  publié  lorfqu’il  elt  mort ,  mais  le  Miniltre  fage  qui  l’a  fuivi  dans  l’adminiltration  des  Fi¬ 
nances,  n’a  pas  héfité  de  remplir  fur  cet  objet  toutes  fes  intentions.  C’elt  fur  ce  revenu  annuel  de 
cent- cinquante  mille  livres,  infuffifant  alors  pour  payer  les  dettes  contractées  dans  le  tems  de  la 
difette,  8c  pour  opérer  la  fin  de  mon  ouvrage,  que  la  Ville  de  Bordeaux  forma  un  emprunt  capable 
defubvenir  à  ces  emplois  urgents.  Je  ne  parlerai  pas  de  la  lenteur  deces  opérations,  ni  des  entraves 


(  I  )  Le  14  Avril  1776, 
(a)  Avril  177$, 


D 


8  DISCOURS  PRÉLIMINAIRE. 

qu’on  y  apportent  5  car  la  claufe  de  l’Arrêt  du  Confeil  du  ije  Décembre  1774,  écoit  encore  confir¬ 
mée  par  celui  ci,  &  l’Intendant  de  la  Province reftoit  toujours  chargé  de  l’infpecHon  fur  la  nou¬ 
velle  Comédie,  8c  fur  l’emploi  des  fonds.  Mais  les  tourments  de  quelques  malveillants  ne  dimi¬ 
nuèrent  rien  du  plaifir  dont  m’enivroit  la  cercitude  d’achever  ma  Salle,  8c  furtout  de  1  honneur 
dont  j’avois  été  comblé  en  1777.  Année  heureufe  où  j’avois  fait  hommage  de  mon  travail  à 
Monsieur,  Monfeigneur  le  Comte  d’Artois  &  Sa  Majesté  Impériale  !  Enfin ,  celt  au 
milieu  de  tant  de  jouilfances  8c  de  combats,  que  la  Comédiede  Bordeaux  s  acheva,  &  fut  ouverte 
au  mois  d’ Avril  1780. 

Sans  porter  en  valeur  l’avantage  de  polféder  un  Monument  public,  qui  peut-être  mérite  quel¬ 
que  eftime ,  ceux  qui  en  font  les  plusardens  détracteurs  fe  récrient  fur  la  dépenfe  fort  au  defius 
de  celle  que  j’avois  préfentée.  Pour  leur  répondre,  je  conclurai  en  offrant  ici  d’un  côté  la  fomme 
totale  de  ces  dépenfes,  8c  de  l’autre  les  fruits  qu’en  retire  le  Corps  de  Ville  quieneftaujourdhui 
Propriétaire,  alors  on  verra  files  reproches  fourds,  les  écrits  malins  font  fondés  en  raifon. 

Jefçais  fort  bien  que  les  produits  de  la  Salle  euffent  été  plus  avantageux,  fi,  la  conflruction 
d’ailleurs  la  même,  le  prix  en  eût  été  moindre.  Mais  pour  ma  caufeilfuffitde  prouver  que  jen’ai  pas 
pu  le  diminuer,  &  que,  de  ma  part,  il  n’y  a  ni  malverfations,  ni  négligence,  ni  ineptie,  nifur- 
prifes.Si  ces  grandes  dépenfes  n’ont  puêtreprévues,  ou  fi  elles  ont  été  occafionnées  par  desaug¬ 
mentations  avantageufes  &  autorifées ,  toutes  ces  clameurs,  toutes  ces  plaintes  tombent  d’elles- 
mêmes.  Or  je  demande  premièrement,  fi  je  pouvois  prévoir  les  frais  confidérables  occafionnés 
par  la  démolition  des  pilliers  tutelles,  par  le  comblement  des  fondrières  que  préfenta  le  Chenal 
encore  fubfiftant  fous  terre  depuis  tant  defiecles ,  8c  tous  les  travaux  auxquels  on  a  été  forcé  par 
ces  découvertes  pour  établir  l’afïïette  d’un  vafte  Monument. 

Secondement,  mes  Plans  furent  fignés  en  177  3,  ils  dévoient  s’exécuter  en  trois  ans,  8c  cetoitmon 
efpérance  lorfque  j’abandonnai  la  Capitale,  &  tout  ce  quelle  promet  davantage  aux  Artifires. Si 
tous  les  événemens  dont  j’ai  rendu  compte  ont  prolongé  l’élévation  de  la  Salle  jufqu’en  1 7  8  o ,  fi  dans 
cette  efpace  la  prolongation  des  appointemensdes  employés  de  tous  genre,  l’augmentation  fu- 
bite  que  caufa  la  guerre  dans  les  journées  d’ouvriers,  8c  l’accroiffement  incroyable  dans  le  prix 
des  bois  (1),  des  pierres  de  de  tous  les  matériaux  ont  plus  que  doublés  la  dépenfe,  fautûlm’en 
trouver  coupable,  lorfque  mon  état,  mes  intérêts  propres  en  ont fenfiblementfoufferts,  parla 
confommation  forcée  de  tous  mes  honoraires  pendant  un  fi  long  féjour? 


(x)  M.  Sage  Avocat-Général  du  Parlement  de  Bordeaux,  &  M.  le  Gril,  Tréforier  de  France,  qui  ont  bâti  dans  le  même 
tems  que  la  Salle  de  Speâacle  a  été  conftruite ,  ont  acheté  d’abord  le  plâtre  quinze  livres  le  mont ,  &  avant  la  fin  de  leurs  bà- 
tifles  ils  le  payoient  foixante  livres.  La  multitude  des  conllruûions  d’une  part  ;  de  l’autre,  le  défaut  d’ouvriers  provenans  des 
enlèvemens  de  Matelots  &  de  Soldats ,  ont  augmenté  dans  les  mêmes  proportions  les  bois  &  tous  les  autres  matériaux. 

Troifiémement 


9 


DISCOURS  PRÉLIMINAIRE . 

Troifiémement ,  fi  j’ai  augmenté  la  dépenfe  par  la  peinture  du  Plafond  (  i  )  dont  le  fuccès  a  bien 
juftifié  mes  defirs;  fi  j’ai  voulu  des  figures  pour  l’ornement  de  l’avant -Scène,  de  la  Porte  du 
Théâtre  &  du  Péryflile,  faites  auflî  par  un  Artilte  distingué  (  z  ) ,  doit-on  m’en  blâmer?  ces  or- 
nemens  font  convenables  à  un  Speêtacle  national ,  8c  ce  n’a  pas  été  fans  l’attache  des  Adminif- 
trateurs  qu’ils  ont  été  exécutés. 

Quatrièmement ,  fi  j’ai  cru  devoir  achever  la  Salle  de  Concert  qui  faifoit  partie  de  mon  Plan 
&  dont  l’ufage  journalier  pour  les  Afïemblées  &  les  Répétitions  ,  fait  fentir  aujourd’hui  l’im¬ 
portance  }  fi  j’ai  confenti  qu’on  munit  le  Magafin  de  la  Comédie  de  douze  Décorations,  8c 
que  pour  cet  effet  j’aie  fait  venir  de  Paris,  autant  que  je  l’ai  pu,  les  Peintres  de  ce  genre,  ces 
augmentations  font-elles  des  recherches  déplacées,  des  furprifes,  des  inutilités? 

Cinquièmement,  l’éclairage  que  j’ai  étendu  de  la  manière  la  plus  détaillée  ;  des  aflurances  con¬ 
tre  le  feu,  par  des  réfervoirs,  des  corps  de  Pompes  &  des  tuyaux  fans  nombre }  des  commodités 
de  toute  efpèce  8c  toujours  renaiffantes  lorfqu’on  termine  un  bâtiment  8c  la  plupart  deman¬ 
dées  (  3  )  avec  inltance  par  les  Chefs  de  la  Ville,  font  tous  ouvrages  qui,  malgré  les  frais  qu’ils 
ont  occafionnés  ,  n’ont  pas  dû  être  épargnés ,  tant  dans  l’intérieur  qu’au  dehors.  Il  eut  été  im- 
poflîble  même  au  plus  grand  praticien  d’en  prévoir  la  multiplicité, &  j’avouerai  fincèrement  que 
ces  dépenfes  m’ont  trompé.  Je  vais  le  prouver  d’une  manière  qui  caraclériferainconteftablement 
ma  bonne  foi. 

A  l’époque  du  z  Mai  1779  ,  MM.  les  Jurats,  maîtres  alors  de  la  Comédie,  uferent  des  droits 
dont- ils  avoient  été  fi  longtems  privés,  en  me  demandant  un  état  des  dépenfes  à  faire  ,  tant  à  la 
Salle  de  Speôlacle  qu’aux  lieux  qui  en  dépendent.  Je  fais  cet  état,  &  même  je  le  ligne  avec  cette 
affurance  qu’infpire  toujours  la  franchife.  Cependant  les  ouvrages  portés  par  l’état  8c  quelques 
autres  détails  indifpenfables ,  s’exécutent  8c  montent  au-delà  de  fon  total,  malgré  toute  ma  fur- 
veillance.  Je  jugeai  bien  de  l’excédent  à  mefure  que  j’opérois,maisjenecrus  pas  que  cet  inconvé¬ 
nient  dut  m’arrêter  dans  l’exécution  de  chofes  très-utiles. 

Le  Public  à  qui  je  foumets  cette  circonftance  jugera  de  ma  loyauté  ,  lorfqu’il  faura  que  je 
m’attendois  bien  à  être  privé  des  honoraires  des  fommes  de  dépenfe  qui  excéderoient  l’état  que 
j’avois  figné.  Le  Corps  Municipal  de  Bordeaux  n’a  pas  trompé  mes préfomptions,  &ellesnem’ont 

point  arrêté  pour  confommer  autant  que  je  l’ai  pu  la  perfection  de  mon  entreprife . Mais 

fuivons  :  que  je  n’aye  pas  toujours  prévu  l’augmentation  journalière  des  matériaux,  il  ne  s’enfuit 
point  que  leur  emploi  n’ait  pas  été  indifpenfable,  économique,  8c  leur  confommation  effective  ; 
tous  les  comptes ,  je  ne  cefïerai  de  le  répéter ,  ayant  été  contrôlés  8c  fignés  par  l’homme  de  la 

(1)  M.  Robin  eft  l’Auteur  de  ce  Plafond  :  il  vient  d’être  gravé  par  M.  Le  Mire. 

(2)  M.  Berruer  a  fait  une  partie  de  ces  figures,  &  c’eftfurfos  modèles  que  le  refte  a  été  exécuté. 

(3)  Les  commodités  même  font  choies  auxquelles  il  paraît  qu’on  eut  facrifié  la  diftribution  convenable  à  une  Salle  de  Speêhcle  ; 
car  j'apprends  que  les  Chambres  qui  précédoient  la  Salle  de  Concert  &  qui  avoient  des  deftinations  très-elTentielles  viennent  d’être 
changées  en  logemens  particuliers.  Si  ces  métamorphofes  déplacées  fe  tolèrent ,  on  ne  retrouvera  bientôt  plus,  que  dans  ce  Recueil , 
le  Monument  tel  que  je  l’ai  bâti  à  Bordeaux. 


E 


1D  DISCOURS  PRÉLIMINAIRE. 

Ville.  Que  je  n'ayepu  juger  dès  en  commençant  de  toutes  les  commodités  de  détails  propres  aux 

ufages  du  Pays,  ce  n'eft  pas  une  ineptie;  &  on  aura  perdu  tous  droits  dem'enfaire  desreproches, 
puifque  mes  honoraires  retenus  fur  ces  dépenfes  les  ont  en  partie  payés. 

Il  eft  tems  de  compter.  La  Salle  de  Speftacle  de  Bordeaux ,  dont  on  va  voir  les  détails  &  les 
vues  générales,  tout  bien  mefuré,  adépenfé  (  i  )  deux  millions  quatre  cent  trente-fix  nulle  cinq 

cent  vingt-trois  livres  dix-neuf  fols,  ci . 1  ^ 

Voyons  de  quel  total  ce  Monument  charge  une  des  premières,  8c  toute 
proportion  gardée,  la  plus  riche  Cité  du  Royaume  de  France. 

En  terrein  vendu  &  donné  par  le  Roi  à  cet  effet  fur  les  glacis  du  Château- 
Trompette,  huit  cent  trente  neuf  mille  deux  cent  trente-trois  1.  8  59,2-53 
En  locations  faites  par  le  Corps  de  Ville  aux  Entrepreneurs  de 
la  Comédie  8c  lieux  acceffoirs,  cinquante- fix  mille  livres  par  an. 

Ce  loyer  fufceptible  après  le  Bail  aôtuel d’augmentation,  produit 
en  fond  placé  à  cinq  pour  cent ,  la  fomme  de  onze  cent  vingt 

mille  livres,  ci.  . . 1,12.0,000 

Rapprochant  ces  deux  fommes ,  8c  leur  total  étant  fouftrait  de  la 
dépenfe  entière  ,  il  reliera  à  la  charge  de  la  V  ille  de  Bordeaux  ,  quatre 
cent  foixante-dix-fept  mille  deux  cent  quatre-vingt-dix  livres  dix-neuf  fols, 

pour  la  propriété  de  la  Salle  de  Spectacle,  ci.  . .  477=1S°  C 

Je  Iaiffe  au  Public  à  pefer  fi  un  bien  fonds  en  bâtiment  éternel  par  fa  folidité ,  doit  rapporter 
ou  cinq,  ou  quatre,  ou  trois  pour  cent  d'intérêt.  Alors  quelques  perfonnes  pourront  juger ,  fi 
j’ai  contribué  ou  non  à  l’avantage  de  la  Ville ,  &  fi  j’ai  mérité  les  calomnies  &  les  perfécutions. 

Tranquille  fur  ce  point ,  j’offre  maintenant  la  partie  du  talent  à  la  cenfure  des  hommes  im¬ 
partiaux  &  éclairés.  Elle  me  fendra  d'utile  leçon ,  &  je  la  recevrai  avec  reconnoiffance  &  même 
avec  joie. 


(x)  Les  Mémoires  imprimés  fur  la  difeuffionfurvenue  entre  Mgr  le  Duc  de  Chartres  &  la  Ville  de  Paris,  me  donnent  un  moyen 
de  comparer  la  dépenfe  du  Monument  fait  à  Bordeaux  avec  celui  de  la  Salle  de  l’Opéra  de  Paris,  confumé  par  le  feu  en  1780. 
On  lit  page  9  du  Mémoire  imprimé  pour  les  Prévôt  des  Marchands  &  Echevins,  que  la  Salle  de  Paris  a  coûte  2,400,000  livres; 
obfervons  que  Mgr  le  Duc  d’Orléans  fut  chargé  alors  de  la  conftruâion  des  gros  murs:  voyez  page  19  du  Mémoire  en  réponfe 
pour  Mgr  le  Duc  de  Chartres.  Comme  on  pourrait  répliquer  que  la  main  d’œuvre  &les  matériaux  font  plus  chers  a  Paris  qu’à 
Bordeaux ,  voici  un  expofé  des  différences  :  Les  Ouvriers  fe  payent  plus  chèrement  dans  cette  Province,  &  il  eft  plus  difficile  de  s  en 
procurer.  Les  Artiftes  exigent  des  remifès  de  frais  de  voyage  &  de  déplacement  qu’on  ne  peut  raifonnablement  leur  refufor.  Les  bois 
avant  la  fin  de  la  conftruâion  y  ont  été  plus  chers  qu’à  Paris.  Le  Fer  y  coûte  bien  davantage.  La  pierre  dure  coûte  autant  a  Bordeaux 
qu’à  Paris.  La  pierre  tendre  y  eft  meilleur  marché.  La  chaux  auffi  meilleur  marché,  Le  plâtre  beaucoup  plus  cher. 


FIN. 


EXPLICATION 

DES  PLANCHES- 

CONTENUES  EN  CE  VOLUME. 

Planche  F.  Plan  de  la  partie  de  la  Ville  de  Bordeaux  qui  avoifine  la  nouvelle  Salle  de  Speélacle. 
IL  Plan  des  premières  fondations. 

III.  Second  plan  des  fondations  au  niveau  de  la  rue  de  la  Comédie. 

IV.  Plan  du  rez  de-chauflée  au  niveau  de  la  Place. 

V.  Plan  au  niveau  des  premières  Loges. 

VI.  Plan  au  niveau  des  fécondés  Loges. 

VII.  Plan  au  niveau  des  troi/Ièmes  Loges. 

VIII.  Plan  au  niveau  des  quatrièmes  Loges. 

IX.  Vue  en  perfpeètive  de  l’entrée  principale. 

X.  Plan  au-deiïus  du  Plafond  de  la  Salle. 

XI.  Plan  des  Combles. 

XII.  Élévation  de  la  principale  Entrée. 

XIII.  Élévation  latérale. 

XIV.  Élévation  derrière  le  Théâtre,  fur  la  rue  de  la  Comédie. 

XV.  Coupe  fur  la  longueur  du  Bâtiment. 

XVI.  Coupe  prife  au  milieu  du  Veftibule,  qui  fait  voir  la  Salle  du  Concert. 

XVII.  Coupe  de  l’Efcalier  prife  fur  la  largeur  du  Bâtiment. 

XVIII.  Coupe  fur  le  milieu  de  la  Salle,  du  côté  de  l’avant-Scène. 

XIX.  Vue  en  perfpeéfive  de  l’Entrée  principale. 

XX.  Vue  en  perfpeétive  de  l’intérieur  de  la  Salle,  qui  fait  voir  la  partie  du  Théâtre. 
XXI  Vue  en  perfpeétive  de  l’intérieur  de  la  Salle,  qui  fait  voir  l’Amphithéâtre. 

A  ces  Planches  on  peut  ajouter  celle  du  Plafond  peint  par  M.  Robin,  gravé  par  M.  le  Mire, 
laquelle  fe  trouvera  chez  le  même  Libraire  qui  vend  cet  Ouvrage. 

Avis  aux  Relieurs.  Les  Relieurs  auront  foin  de  réferver  un  onglet  pour  y  pouvoir  attacher 
ladite  Eftampe  du  Plafond. 


APPROBATION. 


T’m  examiné  par  orjte  de  Monfeignenr  le  Garde  de.  Sceaux  ,  le  Manufçrit  intitulé SalU  *  Bonkaux,  par  M.  Louis 
rtien  ue  peu.  Jpeedre  la  permiffiou  d'imprimé  ee.  Ouvrage ,  il  me.  fous  le.  yeux  des  Ante  &  de.  Ama.eur.1  eufcuble 
&  les  détails  d’un  Monument  célèbre  qui  concourt,  comme  ceux  du  meme  rang, 

Nation.  A  Paris,  le  9  Août  1781. 


1  illuftrer  leur  Auteur  &  à  honorer  la 
ROBIN. 


PRIVILÈGE  DU  ROI. 

Louis,  par  là  GRACE  de  Dieu,  Roi  de  France  et  de  Navarre  :  A  nos  amés  &  féaux  Confeillers, 
les  Genstenans  nos  Cours  de  Parlement,  Maîtres  des  Requêtes  ordinaires  de  notre  Hôtel,  Grand  Gonfeil ,  Frevot  de  1  ans  , 
Baillifs  ,  Sénéchaux,  leurs  Lieutenans- Civils  &  autres  nos  Jufticiers  qu’il  appartiendra  :  Salut.  Notre  bien  ame  le  heur 
Louis  Architecte  du  Roi  de  Pologne,  Nous  a  fait  expofer  qu’il  defireroit  faire  imprimer  &  donner  au  Public  un  Lhivrage 
de  fa  compofition  intitulé  :  Salle  de  Bordeaux  ,  s’il  nous  plaifoit  lui  accorder  nos  Lettres  de  Privilège  a  ce  necefTa.res.  A  ces 
Caufes  voulant  favorablement  traiter  l’Expofànt ,  nous  lui  avons  permis  &  permettons  de  faire  imprimer  ledit  ouvrage  autant 
de  fois' que  bon  lui  femblera  ,  &  de  le  vendre,  faire  vendre  partout  notre  Royaume.  Voulons  qu’il  jouille  de  1  effet  du  prêtent 
Privilège,  pour  lui  &  fes  hoirs  à  perpétuité  ,  pourvu  qu’il  ne  le  rétrocédé  a  perfonne  ;  &  fi  cependant  il  jugeoit  a  propos  den 
faire  une  ceflion  l’A&e  qui  la  contiendra  fera  enregiftré  en  la  Chambre  Syndicale  de  Paris»  a  Pel?e  de  nullité  ,  tant  du 
Privilège  que  de  la  ceflion  ;  &  alors  par  le  fait  feul  de  la  ceflion  enregiftrée ,  la  durée  du  prefent  Privilège  fera  réduite  a  celle 
de  la  vie  de  l’Expofint  ou  à  celle  de  dix  années  ,  à  compter  de  ce  jour ,  fi  l’Expofant  décède  avant  l’expiration  defdites  dix 
années  Le  tout  conformément  aux  Articles  IV  &  V  de  l'Arrêt  du  Confeil  du  30  Août  1777  ,  Partant  reglement  fur  la  duree 
des  Privilèges  en  Librairie.  Faifons  défenfes  à  tous  Imprimeurs,  Libraires  &  autres  perfonnes  de  quelque  qualité  &  condition 
ou’elles  foient,  d’en  introduire  d’impreffion  étrangère  dans  aucun  lieu  de  notre  obeiflance  ;  comme  aufli  d  imprimer  outeire 
imprimer  vendre,  faire  vendre,  débiter  ni  contrefaire  lefdits  Ouvrages,  fous  quelque  prétexté  que  ce  puifle  etre,  fans lapermiflion 
expreffe  &  par  écrit  dudit  Expofânt,  ou  de  celui  qui  le  repre'fentera ,  a  peine  de  faifie  &  de  conhfcation  des  Exemplaire?  contrefaits , 
de  fix  mille  livres  d’amende ,  qui  ne  pourra  être  modérée,  pour  la  première  fois  ;  de  pareille  amende  &  de  decheance  d’etat 
en  cas  de  récidive  ,  &  de  tous  dépens  ,  dommages  &  intérêts,  conformément  à  l’Arrêt  du  Confeil,  du  30  Août  1777  , 
concernant  les  contrefaçons.  A  la  charge  que  ces  Préfentes  feront  enregiftrées  tout  au  long  fur  le  Regiftre  de  la  Communauté 
des  Imprimeurs  &  Libraires  de  Paris ,  dans  trois  mois  de  la  date  d’icellcs;  que  l’impreflion  dudit  Ouvrage  fera  faite  dans  notre 
Royaume  &  non  ailleurs ,  en  beau  papier  &  beau  caraûère ,  conformément  aux  Réglemens  de  la  Librairie ,  à  peine  de 
déchéance  du  préfent  Privilège  ;  qu’avant  de  l’expofer  en  vente  ,  le  manufçrit  qui  aura  fervi  de  copie  a  limprefhon  dudit 
Ouvrage  fera  remis  dans  le  même  état  ou  l’Approbation  y  aura  été  donnée,  ès  mains  de  notre  très-cher  &  féal  Chevalier 
Garde  des  Sceaux  de  France  le  fieur  Hue  DE  Ml  RO  MÉNI L ,  Commandeur  de  nos  Ordres  ;  qu’il  en  fera  enfuite  remis  deux 
Exemplaires  dans  notre  Bibliothèque  publique,  un  dans  celle  de  notre  Château  du  Louvre,  un  dans  celle  de  notre  très-cher  &c 
féal  Chevalier  Chancelier  de  France,  le  fieur  de  M  aupeou,  &  un  dans  celle  dudit  fieur  HuE  de  M  i  roménil  :  le 
tout  à  peine  de  nullité  des  Préfentes.  Du  contenu  defquelles  vous  mandons  &  enjoignons  de  faire  jouir  ledit  Expofânt  &  fes 
hoirs,  pleinement  &  paifiblement ,  fans  fouffrir  qu’il  leur  foit  fait  aucun  trouble  ou  empêchement.  Voulons  que  la  copie  des 
Préfentes,  qui  fera  imprimée  tout  au  long  au  commencement  ou  à  la  fin  dudit  Ouvrage,  loit  tenue  pour  duement  fignifiée, 
&  qu’aux  copies  collationnées  par  l’un  de  nos  amés  &  féaux  Confeillers-Secrétaires ,  foi  foit  ajoutée  comme  à  l’origipal. 
Commandons  au  premier  notre  Huiffier  ou  Sergent  fur  ce  requis  ,  de  faire  pour  l’exécution  d’icelles,  tous  aâes  requis  & 
néceffaires  fans  demander  autre  permiffion  ,  &  nonobllant  clameur  de  Haro ,  Charte  Normande  &  Lettres  à  ce  contraires  : 
Car  tel  eft  notre  plaifir.  Donné  à  Paris,  le  vingt-huitième  jour  de  Novembre,  l’an  de  grâce  mil  fept  cent  quatre-vingt-un ,  & 
de  notre  Régné  lç  huitième.  P^r  le  Roi  en  fon  Çonfçil. 

L  E  B  E  G  U  t. 


Regijlrè  fur  le  Regiftre  XXI  de  la  Chambre  Royale  &  Syndicale  des  Libraires  &  Imprimeurs  de  Paris ,  N°  z^pÇ^fol. 
6i<,  conformément  aux  difpo filions  énoncées  dans  te  préfent  Privilège  ;  h  à  la  charge  de  remettre  à  ladite  Chambre  les  huit 
Exemplaires  preferits  par  t  Article  ÇVIII  du  Réglement  de  ijzj.  A  Paris ,  ce  vingt-quatre  Décembre  mil  fept  cent  quatre-vingt-un. 

Leclerc,  Syndic. 


De  l’Imprimerie  de  C  A I L  L  E  A  U ,  rue  Saint-Severin. 


QUI  AUOJSINE  LA  NOUVELLE  SALLE 


pl.ih. 


SECOND  PLAN  DES  FONDATIONS  AU  NIVEAU  DE  LA  RUE  DE  LA  COMEDIE. 


Pièces  dent  l'une  sert  de  tbrps  de  ûirde  du  Spectacle, 
l'autre  dc  Jfapaxin  peur  tes  J/ûi/cs  et  Jéampwns 


Rue  Porte  R  ichelœu-R 


PL.  JY. 


PLAN  DU  REZ  DE  CHAUSSEE  AU  NIVEAU  DE  LA  PLACE. 


S 

S 

P 

<5 


c 


c 


A.  Grand  esra/'er  commun  a  ir  Sade  </c 
CpecthçA  et- a-  ce/te  de  Concert . 

B  •  B .  Ecai/ùre finir  Ai  l-at/es  ■ 

C.c  .  EeadmtAr  loyer  dit.  A/curr  etdVrùw . 

J)  D  .  Escatûre  dury/ff'artcnienA  oeArrtettre . 

K .  K .  Eradtenr  dé  tAttyendpjnr&Sa/A  de  Concert . 


J.J.J.  BeffneneopnUÛfuÀc  au,  A-reu.'  ,Ar  iire'Lojor.  N-  Cm-e  fur  Ar  CarcAr  du  tic  a ucmcur 

K .  Jtmrour  de  Contint -Scène.  O.  O  .  Entrer r  du  Jbrferr- 

L.  JttMjour  do  TActt/re .  P.P  •  Coder. 


R.  R.  üràunre. 

T.  Cor f  de  Garde  ultérieur 


Z  .  L.ye  du  Stusce. 
R'&.  Betdufttr.t  e.  vterieure  . 


Rue  de j-  Fossés  du  Chapeau,  —  Rouge 


PLAN  AU  NIVEAU  DES  If'"6  LOGES. 


PL. -v: 


as  laaasi 

sa  sssif 

30jjr>  j 


Uitaa-r 


giosaE 


E.E  .  Krd/ùr.r  Je  Je?a?emenl pour 

AiSa//r  Je  Ctwueri. 

F .  Orc/iAf/re  . 


r 


AU  NWEAU  DE  E  AT  TIQUE 


n/.tn/ df/èntl.  Q  ■  Q . 


t/tbjfCuAmisfo . 


ELEVATION  GEOMETRALK  DE  LA  PRINCIPALE  ENTREE 


PI  îG 


COUPE  DE  TyÇSCALIER  SUR  I,A  LARGEUR  DU  BATIMENT  , 


DE  L'INTERIEUR  DE  LA  SALLE  OUI  FAIT  VOIR  L' AMPHITHEATRE  . 


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